EXPOSITION THIERRY CHEVERNEY CHEZ PRAZ DELAVALLADE
Les Hypothèses
THIERRY CHEVERNEY EST PEINTRE
LA CRÈME DE PEINTURE VALENTINE EST DE LA PEINTURE
LE CARTON D'EMBALLAGE EST DU CARTON
LA CORNIÈRE METALLIQUE EN L EST DU MÉTAL
A
LES ÉLEMENTS
1 - LE CARTON
Le carton d'emballage existe en différents types et formes et s'adapte ainsi aux objets qu'il contient dans un but de stockage ou de transport. Des étiquettes et des mentions légales y sont appliquées pour permettre l'identification du contenu et de la destination sans l'ouvrir.
Le carton d'emballege est un contenant serville
2 - LA PEINTURE
La crème de peinture Valentine a pour particularité d'avoir été concue pour répondre aux besoin des bricoleurs du dimanche: elle ne coule pas. La crème de peinture Valentine a la consistance compacte d'un pudding et reste docile lorsqu'avec un pinceau ou une brosse elle est écrasée pour recouvrir le support choisi.
La crème de peinture Valentine est un matériau de non-peintre
3 - LES CORNIÈRES MÉTALLIQUES EN L
Les cornières métalliques en L sont pecées afin de pouvoir être assemblées en étagères; elles varient par la couleur, leurs largeurs et leurs trous (nombre et forme)
Les cornières métalliques en L sont des éléments de construction
B
LA TECHNIQUE
1 - LE CARTON
Thierry Cheverney collecte des cartons d'emballage jugés en fin d'utilisation. Il les colle et les déchire ou les déchire et les colle sur une toile de coton sur un chassis tendu. Il couvre toute la surface de la toile laissant à l'aléatoire déchirure la faculté d'engendrer entre deux cartons des espaces résiduels.
2 - LA PEINTURE
Thierry Cheverney n'utilise pas de pinceaux mais des couteaux ou des truelles, des outils de plâtrier dont la vocation est de transporter la matière en quantité épaisse et nombreuse. Il plonge son outil dans le pot, y sectionne une tranche, un morceau voire un lambeau qu'il amène jusqu'au lieu de son déchargement: la crème de peinture Valentine n(adhère pas au couteau et Cheverney fait basculer son couteau et décharge la peinture qui choit en tas, comme une merde. Ce geste n'est pas sans rapeller le geste de Toroni.
Les amoncellemnts linéaires de peinture constituent un réseau complexe guidé par les limites et les bords du carton, en contact direct avec la toile vierge.
La crème de peinture Valentine est un matériau de peintre
3 - LES CORNIÈRES METALLIQUES EN L
Thierry Cheverney utilise les cornières en L sur le pourtour du tableau de manière continue; il les place au fur et à mesure que la peinture progresse, il choisit la coulmeur et la largeur du segment en vertu de la composition et de ses besoins esthétiques puis il le taille (longueur). Il positionne l'élément sur la peinture fraiche qui, sous la pression, jaillit au travers des orifices; pour finir il le visse dans la tranche du chassis. De manière systématique, les angles sont bordés de métal gris neutre. Lescornières métalliques en L ne forment pas un cadre, elles font partie de la composition. L'alternance des couleurs et dse formes constituent sans nul doute la cicatrice d'une fragmentation.
Les cornières métalliques en L sont des éléments de composition
C
LA COMPOSOSITION
Thierry Cheverney appelle cette série d'oeuvre des "Aqurelles" . Une des techniques de l'aquarelle consiste à dessiner des contours au crayon très sec (7H) de manière à écraser le grain de papier et à constituer ainsi des poches réservoirs dans lesquelles l'aqurelle se répand sans aller au dela.
Ici les frontières sont matérialisées à l'inverse par excès, la peinture construit des barrages qui cantonnent le carton dans son territoire. Le carton, matière inerte n'ayant pas la possibilité d'aller plus loin de toute manière, devient le contenu, la partie noble de la composition.
Le carton d'emballage est un contenu noble
Tel que dans les toiles de maître il est notable que ces tableaux sont composés de manière classique, symétrique, dans le respect des équilibres de masses. Le réseau peint fait penser au plan historique du développement de l'urbanisation des banlieues. Le résultat produit n'est que l'échantillon, le fragment d'une systématique ludique et infinie. La transgression des fonctions d'éléments quotidiens par un éventail de gestuelles divergentes induit la contre-révolution duchampienne, la chute des étagères car le verbe seul ne suffit plus.
D
LA CONCLUSION
Thierry Cheverney et son travail se situent dans le champ d'exploration de la peinture, celui de Pollock, Reinhardt, Leroy, Forg ou Poons, en dehors de toute considération iconique ou non iconique, il construit des messages rétiniens. Il manipule la pertinence et le paradoxe: la pertinence des matérialités et le paradoxe des fonctions pour visualiser la face cachée de peinture, celle que seul l'esprit permet de voir.
Rudy Verstraeten